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Concertonet - Rusés trucages

Rusés tru­ca­ges

Concertonet / Compte-rendu
Par Florent Coudeyrat.
Nanterre, Maison de la musi­que, le 16 jan­vier 2016

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© Enrico Bertolucci

Christian Gangneron de 1983 à 2009, puis Catherine Kollen depuis cette der­nière date : l’Arcal est entre de bonnes mains pour pour­sui­vre sa mis­sion de pro­mo­tion du réper­toire lyri­que à tra­vers tout l’Hexagone. Ce rayon­ne­ment sur le ter­ri­toire natio­nal pro­fite sur­tout à de jeunes chan­teurs qui font ainsi leurs pre­miè­res armes dans des pro­duc­tions nom­breu­ses chaque année, aux for­mats dif­fé­rents. On se sou­vient ainsi de Riders to the sea en 2009 ou plus récem­ment de L’Empereur d’Atlantis (voir ici) et d’Armida (voir ici), autant de spec­ta­cles emblé­ma­ti­ques démon­trant com­bien l’Arcal sait pren­dre des ris­ques avec un réper­toire auda­cieux sans pour autant lais­ser de côté les succès cri­ti­que et public.

Nouvelle illus­tra­tion cette année avec la pro­duc­tion de La Petite Renarde rusée, l’un des chefs-d’œuvre de Janácek qui reste encore mal connu du grand public et ce malgré les efforts, ces vingt der­niè­res années, des plus pres­ti­gieu­ses mai­sons d’opéra pour faire décou­vrir le maître morave. A ceux qui pour­raient crain­dre l’échec d’un ouvrage entiè­re­ment chanté en tchè­que – sans parler des sur­ti­tres en fond de scène – la concen­tra­tion d’un public en grande partie com­posé d’ado­les­cents prouve le contraire. Il faut dire que la mise en scène de Louise Moaty apporte autant de fan­tai­sie que de poésie avec sa cons­truc­tion à vue de say­nè­tes au moyen de tru­ca­ges vidéos, pro­cédé déjà à l’œuvre dans La pietra del para­gone montée au Châtelet en 2007. Mais là où Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin avaient ten­dance à pren­dre le pou­voir sur l’ouvrage avec leurs gags inces­sants, Moaty montre davan­tage de sobriété en fai­sant par­ti­ci­per ses chan­teurs aux mani­pu­la­tions des marion­net­tes incrus­tées sur l’écran, impo­sant un regard dis­tan­cié entre la scène et la vidéo. De ces allers-retours per­ma­nents se dégage la belle uti­li­sa­tion des illus­tra­tions de Schiele – des super­bes pay­sa­ges uti­li­sés comme décors, aux des­sins coquins évoquant les ten­ta­tions char­nel­les du curé.

Très à l’aise, l’ensem­ble de la troupe réunie n’appelle que des éloges. Le couple de renards com­posé de Noriko Urata et Caroline Meng se dis­tin­gue dans son émouvant duo, dis­til­lant raf­fi­ne­ment et nuan­ces, sans jamais sacri­fier la dic­tion et la pro­jec­tion. Autre très belle satis­fac­tion avec l’excel­lent Garde-chasse de Philippe-Nicolas Martin, per­cu­tant et engagé, tandis que Wassyl Slipak imprime à ses dif­fé­rents rôles un à propos tou­jours mar­quant. Si les deux chœurs ama­teurs de Nanterre et Suresnes se mon­trent cor­rects, on est sur­tout agréa­ble­ment sur­pris par la qua­lité glo­bale de l’ensem­ble TM+. La for­ma­tion en rési­dence à la Maison de la musi­que de Nanterre met un peu de temps à se chauf­fer au niveau des pre­miers vio­lons et de la flûte, avant de briller sous la baguette alerte de son chef et fon­da­teur Laurent Cuniot. Egalement com­po­si­teur, le Français se délecte de la ryth­mi­que piquante de cette œuvre lumi­neuse, en des tempi vifs admi­ra­ble­ment bien sou­te­nus par les ins­tru­men­tis­tes.

De quoi méri­ter, avec toute la troupe, des applau­dis­se­ments nour­ris de la jeune salle enthou­siaste et cha­leu­reuse, gâtée de sur­croit par une pré­sen­ta­tion d’après-concert dédiée à la mise en scène ori­gi­nale de Louise Moaty.

Florent Coudeyrat

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