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Tutti Magazine - Interview de Philippe-Nicolas Martin
Tutti Magazine - publication d’avril 2016
Propos recueillis par Philippe Banel
le 14 janvier 2016
Dans la production itinérante des Caprices de Marianne de Sauguet due au Centre Français de Promotion Lyrique, il est Octave auquel il prête son très beau timbre et ses qualités évidentes de comédien. Mais c’est au lendemain de la générale de La Petite renarde rusée où il chante le rôle du Garde-chasse dans la production de l’Arcal mise en scène par Louise Moaty que nous rencontrons le baryton Philippe-Nicolas Martin. Comme l’opéra de Sauguet, celui de Janacek est présenté successivement sur différentes scènes françaises tout au long de la saison, ce qui permettra à de nombreux spectateurs d’apprécier le baryton français…
Tutti-magazine : Hier soir était la générale de l’opéra de Janacek La Petite renarde rusée dans lequel vous chantez le rôle du Garde-chasse. Quelles sont vos premières impressions à quelques heures de cette représentation ?
Philippe-Nicolas Martin : Je pense objectivement que les artistes sont prêts au regard d’une technique particulièrement difficile. En effet, la vidéo tient une grande place dans cette production car le but est de créer un film d’animation en direct. Elle est utilisée de différentes manières, sur scène et à vue, selon la volonté de Louise Moaty qui a signé la mise en scène. De fait, les techniciens sont en quelque sorte des acteurs sur scène et je dois dire que nous nous entendons tous très bien. Tout le monde est très affairé car un chanteur peut tenir plusieurs rôles et intervenir tout au long du spectacle.
Nous devons aussi veiller de façon très précise aux éclairages car nous jouons sur un fond noir qui permet une disparition progressive des formes. Tout le plateau est ainsi tendu d’un tissu noir, y compris le sol, et cela dessert naturellement la voix sur un plan acoustique. De plus, l’acoustique propre à la Maison de la Musique de Nanterre est particulièrement difficile : sur le plateau, nous avons l’impression que tout sonne très bien mais, en réalité, les voix ont du mal à passer. En revanche, dès que l’on chante en avant-scène, l’acoustique devient très différente… De nombreux réglages ont été réalisés par Nicolas Jortie, le chef de chant de la production, qui a fait un travail formidable. De même il a fallu beaucoup travailler la balance avec l’orchestre pour parvenir à un équilibre… Mais je vois dans ces difficultés quelque chose de plutôt positif : nous allons donner La Petite renarde rusée dix fois cette saison jusqu’à fin avril et nous aurons pour nous l’avantage d’avoir mis au point le spectacle dans une acoustique difficile. Les scènes d’opéras qui nous accueilleront par la suite seront nécessairement plus faciles.
Quel regard portez-vous sur la mise en scène de ce spectacle ?
Cette Petite renarde rusée est ma première expérience de production basée sur la vidéo. J’avais entendu parler des mises en scène de La Pietra del paragone et de La Belle Hélène montées par Pierrick Sorin au Théâtre du Châtelet, mais je n’avais pas vu le résultat. Je pense que la mise en scène de La Petite renarde a été réfléchie intelligemment dans le but de servir la poésie du spectacle et non d’étaler purement et simplement une technologie maîtrisée.
Sur scène, un grand écran est disposé au-dessus des chanteurs pour accueillir toutes les captations vidéo. Le spectateur verra ainsi les chanteurs filmés en direct sur le plateau et intégrés sur écran dans des peintures d’Egon Schiele dont l’esthétique se marie parfaitement avec ce qu’on peut imaginer de Janacek. Pour vous donner un exemple, dans ma première scène, je suis filmé en avant-scène par une caméra et mon parcours est projeté sur l’écran dans un paysage au milieu duquel j’avance. Puis, je suis filmé par une autre caméra et le spectateur me voit sous un autre angle, de plus loin, et je m’adosse contre un arbre avant de m’endormir. Pendant mon sommeil des insectes apparaissent à l’image. Ce sont en fait des marionnettistes qui les animent et, comme ils sont vêtus de noir, on ne les voit pas… J’ai déjà pu constater depuis la salle l’effet produit par ce passage mais, lorsque je suis sur scène, la difficulté vient de devoir jouer avec des éléments que je ne vois pas directement. Si je regarde l’écran, le spectateur le remarquera et je dois éviter cela à tout prix.
Il semble difficile de trouver une sorte de confort dans cette mise en scène…
Je ne peux pas nier que cette production nécessite parfois une réelle précision si je veux être sûr de bien prendre la lumière et que la caméra qui me filme puisse associer correctement mon image aux images issues des autres caméras. À la fin du spectacle je chante « L’Hymne à nature » et une grenouille doit sauter dans mes mains. Mais je n’ai aucun moyen de visualiser cette grenouille. En revanche je dois placer mes mains à un endroit très précis pour que l’échange avec l’animal soit réussi. Heureusement, les repères musicaux m’aident, mais il a tout de même fallu du temps pour régler cette scène.
Par ailleurs, les chanteurs évoluant devant un fond noir, les éclairages sont particulièrement puissants. Lorsque, pendant les répétitions, nous avions deux services de 3h par jour, nous étions tous très fatigués par ce contraste extrême entre la surexposition et le noir. Si je reviens à la scène finale qui est assez longue, le spectateur me voit adossé contre un arbre. En réalité, je suis assis sur un cube noir et deux projecteurs placés à 2 m sont braqués plein pot sur moi. En dépit de cette intensité lumineuse, je dois essayer de voir le chef… À plusieurs reprises, il faut vraiment jongler. Mais le résultat est là, et je ne pense pas que d’autres solutions aient été envisageables.
Vous interprétez le garde-chasse dans la langue originale. Chanter en tchèque représente-t-il un défi ?
J’adore les langues, c’est un fait, mais je ne parle pas le tchèque. En tout cas pas encore ! Nous avons eu la chance d’avoir comme coach Irène Kudela. C’est une femme experte et adorable, en plus d’être très musicienne et chef de chant. Elle m’a tout apporté sur un plateau. J’ai pourtant peu travaillé avec elle. La première fois que j’ai travaillé avec elle, c’était au tout début juin 2015. Je ne connaissais pas encore le rôle, et j’ai mis 3h30 à le lire du début à la fin. J’avoue que lorsqu’elle m’a annoncé que les "l", en tchèque, sont semi-durs*, j’étais un peu affolé ! Mais elle connaît parfaitement la technique de chant, elle a su m’expliquer comment placer ma voix et je les ai obtenus pour ainsi dire malgré moi. De même, j’ai dû apprendre à respecter la prosodie de la langue, très différente, par exemple, de l’italien. Apprivoiser cela a été très long et difficile. La pression a été multipliée lorsque l’Arcal, qui produit le spectacle, nous a annoncé début juillet qu’il fallait connaître les rôles par cœur pour fin août afin d’être prêts pour les répétitions isolées. J’ai revu Irène une autre fois et j’ai travaillé d’arrache pied. Mais mon cerveau ne parvenait pas à mémoriser. Puis, un jour, le déclic a eu lieu et il m’a semblé qu’il acceptait le tchèque !
Alors que nous avions déjà bien entamé les répétitions, je lui ai chanté tout mon rôle et, à ma très grande surprise elle m’a dit : "On dirait que tu as chanté tchèque toute ta vie !". Je n’en demandais pas tant mais, de fait, c’était une victoire. Après une période d’apprentissage ardue, je peux dire que j’ai plaisir à chanter en tchèque. * En russe, la notion de "l" durs et de "l" mouillés est difficile à aborder pour un chanteur qui ne pratique pas la langue. Celle de "l" semi-dur en tchèque peut surprendre encore davantage un interprète non-averti…
Comment pouvez-vous définir la vocalité de l’écriture du rôle du garde-chasse ?
Avant toute chose, c’est une très grande joie de chanter ce rôle magnifique qui finit en apothéose avec une page très lyrique, lorsque le garde-chasse se retrouve seul face à la nature. Ce moment est tellement sublime que, lors d’une séance de travail avec Louise Moaty, l’émotion était palpable. Nous avons terminé dans un état très spécial qui touchait à une forme de grâce. J’étais seulement accompagné du piano, et bien sûr, l’orchestration de Janacek ajoute encore à ce pouvoir émotionnel.
Pour autant, au début, j’ai trouvé l’écriture vocale difficile sur une bonne partie de l’ouvrage car elle est en "dents de scie". Cela demande une gymnastique vocale et on a vite fait de se blesser si on ne se surveille pas. La semaine de répétition fin août a été très difficile. Alors que je ne m’étais pas encore approprié la partition, nous terminions par un filage pour lequel il fallait à la fois mémoriser les informations de mise en scène et les tempi du chef d’orchestre. Ma voix en a pris un coup. Heureusement, cet état était très temporaire car j’enchaînais avec une autre production.
Aujourd’hui, tout va bien mais je reste très vigilant car, avec un rôle comme celui du Garde-chasse, la tentation est grande d’appuyer l’interprétation de ce personnage très terrien par un chant assez marqué, voire arraché, ce qui peut rapidement devenir dommageable pour la voix.
Dans les mois qui viennent, vous chanterez en alternance dans La Petite renarde rusée et Les Caprices de Marianne sur différentes scènes françaises. Le rôle d’Octave dans l’opéra de Sauguet marque aussi une expérience importante dans votre jeune carrière…
C’est non seulement une grande chance de chanter un premier rôle aussi intéressant que celui d’Octave, et c’en est une autre de pouvoir se produire dans autant de maisons d’opéra, de côtoyer différents orchestres, de se familiariser avec plusieurs scènes et différentes acoustiques. C’est aussi un avantage extraordinaire de pouvoir faire évoluer un rôle sur 2 ans.
La partition de Sauguet présente de nombreuses difficultés et de nombreux pièges. Bien sûr, avec le temps, je me sens plus à l’aise avec la musique, mais aussi avec la mise en scène. Cette liberté gagnée avec l’expérience permet une exploration plus profonde du rôle et je m’y épanouis pleinement. C’est un réel plaisir de mener Octave du début de l’opéra, désinvolte et insouciant, à la fin de l’ouvrage, riche d’une maturité que je trouve très belle. On parle souvent d’amour pour Les Caprices de Marianne. Mais je pense que le sentiment d’amitié est encore plus fort : Octave refuse l’amour de Marianne par amitié pour son meilleur ami décédé.
Sur le plan humain, deux ans avec Les Caprices de Marianne vous ont-ils donné la sensation de travailler en troupe ?
Dès le départ, il y a eu deux distributions différentes et l’idée était de ne pas les mélanger. Mais, en tenant compte des obligations des uns et des autres, il a fallu procéder à des modifications. En ce qui me concerne, par exemple, pour chanter dans La Petite renarde rusée à Saint-Quentin-en-Yvelines, je suis obligé de passer dans la distribution B des Caprices de Marianne à l’Opéra de Bordeaux, alors que j’étais Initialement dans le cast A. Changer présente l’avantage d’apporter une certaine fraîcheur aux représentations. J’ai ainsi joué fin septembre pour la première fois avec la Marianne de la distribution "B", Aurélie Fargues, à l’Opéra de Vichy, et cela apportait une sorte de nouveauté. Mais je serai aussi très heureux de retrouver Zuzana Markova à l’Opéra de Limoges pour ce qui sera l’ultime reprise des Caprices de Marianne et la fin de la tournée de deux saisons.
Quant à l’esprit de troupe que vous évoquez, je ne sais pas s’il s’agit à proprement parler de cela, mais une chose est sûre : l’équipe se retrouve toujours avec joie. Je pense que tout le monde s’apprécie depuis le moment où nous avons créé le "bébé" ensemble.
La musique de Sauguet est-elle un bon support pour l’expression ?
Le texte de Musset indéniablement. Quant à la partition, le chef principal Claude Schnitzler a dû faire de nombreuses modifications de nuances dans la mesure où la musique de Sauguet donne l’impression d’avoir été écrite pour le studio d’enregistrement. Par exemple, certains passages demandent à la voix de s’exprimer dans le grave alors que l’orchestre s’épaissit et doit sonner forte dans le même registre. Cela va à l’encontre d’une écriture logique pour valoriser la voix. Mais une chose est sûre, cette musique sonne bien mieux à l’orchestre qu’au piano avec lequel j’ai dû apprendre le rôle ! L’écriture est assez représentative de l’école française du début du XXe siècle mais intègre également de multiples inspirations. À certains moments, Prokofiev n’est pas loin… Curieusement, à l’inverse des autres rôles principaux, le personnage d’Octave n’a pas d’air, même s’il participe à la plupart des scènes. Sauguet, en revanche, lui a confié une partie importante dans son duo final avec Marianne.
Le Garde-chasse et Octave sont deux rôles d’hommes assez bruts. Pensez-vous que votre physique participe à ce qu’on vous propose aujourd’hui ce genre de personnages ?
Honnêtement, je ne sais pas. Il faudrait poser la question aux directeurs d’opéras qui m’engagent pour incarner ces types de personnages. Mais il est vrai qu’un ami metteur en scène de théâtre m’a dit : "Tu es Octave. Quand je te vois, c’est évident !". Le Garde-chasse de La Petite renarde rusée est tout de même bien plus brut qu’Octave, surtout à la fin des Caprices de Marianne. Quant à la barbe que je porte comme beaucoup de chanteurs, c’est davantage une affaire de mode.
Vous chantez Octave avec des nuances et une humanité que l’on trouve généralement chez les interprètes qui pratiquent le récital…
Je vois ces deux modes d’expression comme très différents. J’essaye juste de faire de la musique avec mes moyens. Le récital est un art très difficile dans la mesure où il demande de constamment changer d’enveloppe. Bien sûr, le chanteur construit généralement ses programmes et sélectionne des pièces qui lui correspondent… Je suis venu au récital parce qu’on me l’a demandé après que j’ai gagné le Concours international de chant de Clermont-Ferrand en 2013. J’ai eu l’occasion de tourner avec ce récital en compagnie d’Olivia Doray et Jeff Cohen, d’abord au Palazzetto Bru Zane à Venise, à La Chaise-Dieu et enfin à Clermont-Ferrand. À vrai dire, je n’ai pas une énorme expérience mais c’est une expression que j’apprécie.
Vous sortirez de l’alternance Sauguet/Janacek avec le rôle de Moralès dans Carmen à l’Opéra d’Avignon. Raymond Duffaut semble compter dans votre carrière…
Je dois à Raymond Duffaut de chanter le rôle d’Octave et je l’en remercie. Il m’avait tout d’abord entendu dans le cadre du CNIPAL*, puis lors du concours de Clermont, et il m’a proposé Moralès à Avignon dans la foulée des Caprices de Marianne. C’est un rôle que j’ai déjà chanté à l’Opéra de Rouen et à l’Opéra Royal de Versailles dans une production de l’Opéra de Metz-Nancy. C’était même mon tout premier engagement, il y a 5 ans ! * CNIPAL : Centre National d’Artistes Lyriques créé en 1983 et établi à Marseille.
Comme un certain nombre de chanteurs de votre génération, vous êtes passé par le CNIPAL. Que vous a apporté cette formation ?
Je suis resté au CNIPAL un an et demi. Cette étape a représenté pour moi un moment très intense et j’en ai retiré un apport très important. Chaque jour j’avais l’occasion de travailler avec des chefs de chant dans des salles mises à disposition. Le CNIPAL m’a également donné l’opportunité de faire des concerts, certains dans des cadres assez confidentiels, d’autres plus importants, comme celui de fin de promotion avec l’Orchestre d’Avignon. J’ai aussi eu l’opportunité de chanter un rôle que j’adore, celui du Père dans Hansel et Gretel, dans une version avec piano proposée pour les Fêtes. C’est à la suite de ce spectacle que j’ai écourté mon séjour au CNIPAL pour, justement, chanter dans Carmen et honorer les différents engagements qui s’enchaînaient.
Une autre chose primordiale que m’a apporté ce séjour dans cette institution, c’est d’avoir pu auditionner devant de nombreux directeurs de maisons d’opéra. Le plus souvent, les jeunes chanteurs qui entrent au CNIPAL, n’ont pas encore d’agent. Or il n’y a pas à se déplacer puisque ce sont les directeurs susceptibles de les engager qui viennent vers eux pour les entendre. C’est un très grand confort.
En 2008, vous vous installez à Sofia pour travailler avec Alexandrina Milcheva…
Ma rencontre avec Alexandrina Milcheva fait partie des hasards de la vie. Je suis pianiste de formation mais j’avais fait le deuil d’une possible carrière. C’est durant l’été précédent que j’avais compris que le métier de chanteur soliste était celui que j’aimerais faire. Cela s’est produit alors que j’assistais à une représentation de l’opérette d’Offenbach Monsieur Choufleuri restera chez lui le… à côté d’Aix. Et il se trouve que, le mois suivant, j’ai fait la connaissance d’un chanteur bulgare qui intégrait le CNIPAL. Nous sommes devenus amis et il m’a proposé de venir travailler à Sofia avec son professeur. Il s’agissait d’Alexandrina Milcheva.
À cette époque j’enseignais encore la musique dans l’Éducation nationale et je me suis rendu à Sofia pendant les vacances de la Toussaint. Alexandrina a accepté de me faire travailler, le courant est bien passé et, durant toutes les vacances suivantes, je suis retourné à Sofia pour la retrouver. À la fin de l’année scolaire, j’obtenais mon prix au Conservatoire d’Aix, et après avoir chanté dans le chœur de Cosi fan tutte durant le Festival, je suis retourné 3 semaines chez Alexandrina dans sa maison d’été sur la côte de la mer noire… À la rentrée, j’ai décidé de déménager afin de la rejoindre à Sofia. J’y suis resté 5 mois et nous avons travaillé ensemble tous les jours dans une ambiance très conviviale. Plusieurs chanteurs de nationalités différentes se retrouvaient là et nous assistions aux leçons les uns des autres. Alexandrina m’a beaucoup apporté, et cette période de ma vie est chargée d’excellents souvenirs. Par la suite, j’ai travaillé avec différents professeurs, sans m’attacher spécialement à l’un d’entre eux, ce qui correspond plutôt à ma façon de fonctionner.
En 2014 vous faites vos débuts au Teatru Manoel de La Valette à Malte. En 2015 vous y chantez Belcore dans L’Elisir d’amore. D’où vient votre relation avec cette maison d’opéra ?
J’ai eu la chance d’être entendu par Benoît Dratwicki lors du concours de Clermont-Ferrand, qui a ensuite souhaité m’auditionner au Centre de musique baroque de Versailles. Il faut savoir que passer une audition devant Benoît Dratwicki s’apparente davantage à une séance de travail très conviviale qui lui permet de se faire une idée de la manière dont il peut utiliser un chanteur… À la suite de cette audition, j’ai été engagé pour chanter dans une parodie d’Hippolyte et Aricie pour deux chanteurs, un ensemble de sept musiciens et des marionnettistes. Cette création était une coproduction du Centre de musique baroque de Versailles, de Teatru Manoel de Malte et du Château d’Hardelot. C’est ainsi que j’ai été amené à me produire à Malte en janvier 2014. Le directeur du festival qui nous accueillait a beaucoup apprécié ce que je faisais et, quelques mois après, il me proposait d’auditionner pour L’Elisir d’amore. J’étais ravi d’être engagé car j’adore cet ouvrage. De plus, l’équipe maltaise était adorable et le Teatru Manoel qui compte parmi les plus vieux d’Europe, tout en bois, est un lieu magnifique. J’espère vraiment avoir l’occasion de reprendre le rôle de Belcore car j’y suis très attaché.
Votre expérience de la scène musicale française depuis 2011 vous rend-elle serein par rapport à votre avenir ?
Je m’inquiète globalement de l’avenir de l’opéra lorsque je constate autant de baisses budgétaires, des saisons qui commencent de plus en plus tard et des séries de représentations qui sont de plus en plus courtes. Tout cela fait inévitablement peur dans la mesure où on engagera fatalement moins de chanteurs.
Depuis le début de ma carrière j’ai la chance de beaucoup travailler et tout s’enchaîne de façon logique : j’ai commencé par des rôles de second plan, et j’ai maintenant la chance de toucher à des premiers plans. J’espère que tout cela continuera tant en qualité qu’en quantité. Mais je reconnais que les saisons se remplissant de plus en plus tard, le chanteur a de moins en moins de visibilité à moyen terme et peut avoir la peur du vide. Par rapport à certains de mes collègues, je reconnais ma chance d’avoir une saison prochaine déjà constituée.
Que pouvez-vous nous dire de vos prochains engagements ?
Je vais chanter à deux reprises le rôle du héraut d’armes du Roi dans Lohengrin de Wagner, la première fois en septembre en version concert à l’Opéra de Nantes-Angers, et en fin de saison, dans une version scénique de Louis Désiré, à l’Opéra de Saint-Étienne. Cela me comble de joie car j’adore Wagner après avoir pensé pendant mes études de musicologie que sa musique n’était pas pour moi…
Je travaille le rôle de Taddeo dans L’Italienne à Alger que j’espère pouvoir interpréter prochainement et, grâce à Benoît Dratwicki, je chanterai le rôle de Bélus et deux petits rôles de guerriers dans Le Temple de la gloire de Rameau. Il s’agira de la première version de l’œuvre donnée à l’Université de Berkeley, près de San Francisco, où l’on a retrouvé la partition dans les archives. Il y aura trois représentations scéniques en avril 2017.
Votre vie est faite de déplacements. Cela vous convient-il ?
Il y a des avantages et des inconvénients mais, globalement, cette vie me convient bien aujourd’hui. En tout cas je parviens à trouver mon équilibre. Pour avoir traversé certaines périodes de déplacements ininterrompus afin d’enchaîner quelques dates ici ou là, je sais aussi que le changement continuel n’est pas l’idéal car très fatiguant. Je préfère de beaucoup participer à une production d’opéra qui me permet de recréer une vie dans la ville où je me pose pour une période d’un à deux mois. Bien sûr, un déplacement de temps en temps peut être très agréable aussi. Mais il ne faut pas que les déplacements constituent la base d’une saison.
Vous êtes titulaire du CAPES et vous avez enseigné la musique. Revenir à l’enseignement fait-il partie de vos projets à long terme ?
Je garde de très beaux souvenirs de l’Éducation nationale. J’enseignais au collège, j’aimais suivre mes élèves, et j’appréciais les relations avec mes collègues. Lorsque je préparais ma maîtrise, j’avais vraiment envie d’enseigner et j’aurais même aimé donner des cours à l’université. Mais je ressentais un besoin impérieux de faire de la musique. Aujourd’hui, il m’arrive de repenser à de bons moments liés à cette tranche de vie, mais l’enseignement ne me manque pas. J’ai la chance de faire le métier que j’aime et de pouvoir en vivre. Je travaille pour que ça dure, j’essaye de m’améliorer et d’être au mieux de mes possibilités.
Quels rôles aimeriez-vous aborder ?
J’adorerais chanter Guglielmo dans Cosi fan tutte, mais aussi Arlequin dans Ariane à Naxos. J’aimerais aussi reprendre Belcore, interpréter Papageno et Onéguine ainsi que Valentin dans Faust. Et bien sûr, j’aimerais retrouver le Garde-chasse de La Petite renarde rusée dans les prochaines années, non parce que ce rôle m’a demandé une somme de travail mais parce que, tout simplement il est magnifique.
Si, qui plus est, je pouvais parvenir à aborder ces différents rôles en fonction de l’évolution de ma voix, et pas seulement de l’envie, je serais pleinement satisfait. J’ai réussi à toucher mon rêve du doigt, je souhaite que cela continue…
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