Leos Janacek est né le 3 juillet 1854 à Hukvaldy (ancien Empire d’Autriche, actuelle Moravie - République tchèque). Il est le neuvième d’une famille de treize enfants. Son père, instituteur et organiste, l’envoie très jeune étudier la musique dans un monastère à Brno. Il se fait remarquer pour ses prestations dans le chœur du monastère, puis poursuit ses études à l’école d’orgue et de piano à Prague, puis aux Conservatoires de Leipzig et de Vienne.
- Ecole de Hukvaldy, maison natale de Janáček
- source image : Site de la Philharmonie de Paris
C’est en 1874 qu’il rencontre à Prague celui qui deviendra son ami, Antonin Dvorak, et avec lequel il partage des origines paysannes et un penchant slaviste. Dvorak influencera durablement Leos Janacek par sa manière de composer en épousant les intonations de la langue parlée. C’est d’ailleurs à partir de ces années que Janacek commence à composer plus régulièrement :
- ses premiers opéras : Sarka (1887), Potacek romanu (Début d’un roman - 1891),
- mais aussi ses Danses valaques (1888-1890)
- ou encore un ballet, Rákós Rákóczy (1891).
En 1881, il retourne à Brno pour se consacrer à l’éducation de la musique. Très impliqué dans la vie culturelle de la ville dans laquelle il exerce une grande influence nationaliste, Janacek y crée une école d’orgue (rebaptisée conservatoire de Brno en 1918) qu’il dirigera de ses débuts en 1881, à 1919, en plus de ses activités d’enseignement et de direction d’orchestre.
- Ecole d’orgue de Brno
- source image : Site de la Philharmonie de Paris
Le folklore morave, les différents dialectes et coutumes de son pays natal ainsi que les bruits de la nature, l’inspirent beaucoup et marqueront l’ensemble de son œuvre.
Il parcourt les campagnes en quête de chants ou de danses populaires qu’il arrange parfois pour orchestre ou piano. Il publie des études sur ce sujet (son opéra Šárka réutilisera ses acquis ainsi que sa vision de la musique du langage parlé) ainsi que des ouvrages théoriques sur la musique (La disposition et l’enchaînement des accords en 1897, Théorie intégrale de l’harmonie, 1912).
C’est en 1904 qu’il achève la composition de son opéra Jenufa (commencée en 1894). Avec le triomphe à Prague de cet opéra, la renommée de Janacek, qui est alors âgé de plus de 60 ans, dépasse enfin le cadre régional et ses qualités remarquables de dramaturge et d’homme de théâtre sont enfin reconnues.
- Partition originale de Jenůfa
- source image : Site de la Philharmonie de Paris
C’est le début d’une très féconde période créatrice, puisqu’il compose dès lors pour tous les genres :
- un cycle vocal avec Le Carnet d’un disparu (1917-1919),
- un poème symphonique avec la Ballade de Blanik (1920),
- l’opéra avec Osud (1903-04), Les Voyages de Monsieur Broucek (1908-1917), Katia Kabanova (1919-1921), La Petite Renarde rusée (1921-1924)…
Le maître-mot dans l’œuvre de Janacek est « vérité ». Il cherche à irriguer sa musique des modèles que la société rurale ou citadine lui offrait. Sa musique oscille entre tendresse et commisération, jeunesse, utopie et renoncement, exaltation et repli : entre un pessimisme circonstanciel et un optimisme permanent.
La vision qu’il déploie est ainsi très réaliste et très philosophique. Ces contradictions sont très prégnantes notamment dans les œuvres après Jenufa et plus encore au cours des dix dernières années de sa vie, de 1918 à 1928.
Janacek meurt le 12 août 1928 d’une pneumonie, âgé de 74 ans, alors qu’il vient d’achever son dernier opéra au titre prémonitoire, La maison des morts d’après Dostoïevski.
Comme il l’avait demandé, le final de La Petite Renarde rusée fut joué à son enterrement.
source texte : Site de l’Opéra de Lille
portrait de Leos Janacek : Site de la Philharmonie de Paris
photos : Site de la Philharmonie de Paris